REACTION A LA DECLARATION DE MR HONORE NGBANDA DU 7 AOUT 2020 INTITULEE : « BANYARWANDA BA BIMISI LOKOTA YA SIKA NA RDC: «KIHUTU» EYANO YA H. NGBANDA NA BA HUTUS RWANDAIS NA GOMA »

 Par Congo Dignity

            De sa cachette « dorée », Honoré Ngbanda vient une fois de plus de faire parler de lui. Cette fois-ci, ce qui l’a poussé à sortir de ses gongs, c’est la Déclaration du Président de la communauté (un mot qui fait polémique parmi certains congolais « bien ou mal éclairés ») hutu du Nord-Kivu à Goma (Mr Emmanuel Gashamba, au Dialogue organisé à Goma, par le Gouverneur de Province, Carly Nzanzu Kasivita, en août 2020). Ses propos ne pouvaient pas laisser toute personne sensée et connaisseuse de l’histoire du Kivu indifférente. 

Il y a beaucoup de choses à dire sur cette déclaration de sieur Honoré Ngbanda pleine de raccourcis et de contre-vérités historiques. Mais, nous voudrions, dans cette note de mise au point, nous appesantir sur quatre problèmes majeurs qui résultent d’un aveuglement intellectuel et politique évident de la part de ce grand apologiste du « régime Mobutu » et de ce « Hutuphobe » invétéré. Nous relèverons dans le discours de Ngbanda des confusions et des amalgames (1), une ignorance de l’histoire du Nord-Kivu (2), l’amnésie (3) et la confiance aveugle en des personnes-ressources dont la probité intellectuelle et morale est douteuse (4), accusant soit une ignorance crasse soit une mauvaise foi, soit encore les deux. 

 

1.     Confusions, amalgames, manipulation et fausses affirmations

Pour qui connaît la réalité, Honoré Ngbanda s’est déshonoré en confondant les mots, les choses et les hommes. 

Ø  Dans sa vidéo, la photo qu’il associe au message n’est pas l’image de celui qui parle. Laurent Mugiraneza, leader Hutu, n’est pas Emmanuel Gashamba, Président de la Communauté Hutu, qui avait prononcé le discours lors du dialogue à Goma. Visiblement, il y a confusion dans la recherche, la sélection et la présentation des documents historiques. 

Ø  Déconnecté des réalités congolaises actuelles, il ne sait pas que pour la commodité de langage, le terme « Communauté » est aujourd’hui utilisé au Nord-Kivu, et ailleurs, pour désigner tribu. S’il avait suivi l’ensemble des travaux du Dialogue de Goma, il aurait compris que ce n’est pas seulement les Hutus qui ont fait usage du terme « communauté ». Les représentants de toutes les ethnies du Nord-Kivu qui ont pris la parole ont utilisé ce concept « communauté ». H. Ngbanda ignore que le terme est utilisé même dans son terroir. Et pour cause : « …en Équateur se disent préoccupés par le conflit qui oppose depuis le mois de novembre dernier les membres de la communauté Ngbandi dans le territoire de Budjala et ceux de la communauté Ngbaka dans le territoire de Gemena. Les deux communautés se disputent des terres »[1].

Ø  À 1:33  minute dans la vidéo : « Massacre de Kapupu au Nord-Kivu ». Kapupu  c’est au Sud-Kivu et non au Nord-Kivu.[2] Aussi, il n’y a aucun lien entre les tristes massacres de Kapupu et la réunion tenue à Goma comme prétendu par Ngbanda. Ignorance ou manipulation ? De toute façon, inacceptable pour un homme politique de la trempe de cet exilé zaïrois.

Ø  Pour Honoré Ngbanda, les mots  « Banyamulenge », «Banyarwanda », « Tutsi », « Hutu », sont des termes interchangeables renvoyant à la même réalité sociologique et politique. Le paradigme  « banyamulenge » (nom inventé récemment en place et lieu des Tutsis de l’extrême sud de la province du Sud-Kivu et qui, dans la guerre d’agression du FPR /AFDL/RCD de 1996/1998 englobait les Tutsis du monde entier ou les « Tutsis Sans Frontières » qui sont  venus s’installer en RDC) est devenu sa carte de visite dans la quête de l’aura intellectuelle. Il s’agit d’une démarche malencontreuse dans l’explication de l’histoire des Hutus en RDC. Pire, il ose affirmer souvent qu’il n’y a aucun Hutu congolais. En cela, il fait siennes les allégations de Sieur Léonard Kambere et d’autres élites du Kivu de la même mouvance qui s’emploient à léguer, même imposer la «Hutuphobie» à la nation congolaise. Aussi longtemps que des intellectuels malhonnêtes et des politiciens en mal du repositionnement politique ne sortent pas de ce guêpier, eh bien il faudra attendre des années et des années encore pour que la RDC retrouve la paix et la stabilité. Comment peut-on distinguer  ce genre d’individus avec ceux-là qui forgent l’identité culturelle d’une personnalité ;  tantôt « Katangais » tantôt «Muluba» tantôt encore « Mukongo » au gré des positionnements égocentriques pour ajouter une dose de plus à la cacophonie et à la confusion qui règnent dans le pays ? «Tu connaitras la vérité et la vérité te libérera ! », dit-on. Et ce n’est pas avec ce genre d’individus, Honoré Ngbanda y compris, sur lesquels la RDC doit compter pour retrouver sa cohésion et sa dignité.

            

2.     Ignorance de l’histoire  du Nord-Kivu

Que  ce philosophe de formation qui, avec arrogance, prétend connaître tous les documents sur la RDC qui se trouvent à Tervuren, dise si les données suivantes sont fausses ou une fabrication d’un  quelconque  Hutu.

2.1.                      Droit coutumier des Bahutu par Jan de  Konink, Administrateur Territorial de Rutshuru.

 Source: BJIDCC    n°9,  Mai-Juin 1936, pp. 209-220

 

« Section : Renseignements généraux »

a.     Nom du groupe étudié : Bahutu. L’étude a porté sur la chefferie du Bwisha, District du Kivu, territoire des Bahutu, province de Costermansville. 

b.     Situation : au nord de la chaine volcanique des Virunga (territoires limitrophes avec  le Ruanda et l’Uganda). Langue parlée : KIHUTU (*). Le mot HUTU est de très loin plus ancien que le terme RWANDA dans la littérature scientifique. Ce dernier est même très récent quand on fait une recherche dans toutes les bases des données des références scientifiques. Il ne commence à apparaitre qu’en 1954, RUANDA apparaissant à partir de 1920. Pour le mot «HUTU» des références bibliographiques scientifiques existent depuis au moins 1846[3]. Dès lors, ces Hutus auraient pu parler une langue non existante étant donné que le kinyarwanda ou le kirundi ne pourraient exister avant le concept même incarné dans les mots ‘Rwanda’ et ‘Burundi’ ?

 

(*) Cet article du Prof. Paul Hakiza Serufuri, l’un des meilleurs historiens du pays et des meilleurs connaisseurs de l’histoire du Nord-Kivu (en tout cas mieux que l’amateur Honoré Ngbanda) est plus éclairant à  ce sujet « Ethnonyme et Glossonyme. Les Bahutu du Nord-Kivu et le Kihutu. Contribution  à  un  débat. «Oublier, c’est commencer à mourir.  Se souvenir, c’est reprendre la vie ».  Ce texte a été publié dans la revue Annales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, n° VI-VII (2006-2007),  de l’Université de Kinshasa  (RDC) et dans BUCYALIMWE  MARARO Stanislas (dir.), Cycle du mal et refus. Hommage au Prof. Dr Freddy  Ruriho Munanira Kibambasi, s.l., Edition  Association Isoko-Kivu (AIK), 2009. 

c. Autorité qui dirige : grand chef médaillé Daniel Ndeze 

 

2.2.                      L’« Ordonnance d’administration générale du 29 septembre 1933, n°91/AIMO, fixant le nombre, les chefs-lieux, les limites des territoires du District du Kivu » désigne le territoire de Rutshuru comme « Territoire des Bahutu [4]» au même titre que les tribus majoritaires du Kivu. Voir carte ci-dessous.

 

 



On a envie de rire, voire de  vomir quand on entend de sa bouche des propos farfelus du genre « il  n’existe pas d’ethnie hutu au Congo ; elle existe seulement au Rwanda et au Burundi ». Face à ces documents d’histoire, les déclarations de Ngbanda s’avèrent être des inepties. Où a-t-il appris cette « histoire » et qui la lui a enseignée ? Mensonge ou ignorance ? Pour quelqu’un de sa trempe, avec une dose élevée de pédantisme nous pensons que c’est un mensonge. Car un intellectuel sérieux, sachant qu’il doit réagir sur une question d’importance comme celle-ci, aurait dû savoir ou s’informer avant de parler. Il a donc raté une occasion pour se taire. C’est le moment pour lui d’apprendre. Certains jeunes congolais qui ont fait de lui un « maître » se sont trompés de choix. 

 

2.3.                      Le premier à avoir fait un rapport d’enquête sur la coutume des Bahutu du secteur Rutshuru est l’Administrateur Spirituals en 1908, rapport rédigé en application du Décret de 1906 sur les Chefferies indigènes[5].

2.4.                      1902 fondation du poste de Rutshuru. Ce poste est devenu le chef-lieu du district du Kivu en 1912[6] jusqu’en 1924, date à laquelle Costermansville (actuellement Bukavu) prit la relève; celle-ci devint chef-lieu de la province du même nom en 1933[7]. Malgré la guerre 1914-1918, «Rutshuru conserva son importance stratégique pendant une quinzaine d’années: siège du conseil de guerre et chef-lieu du district du Kivu[8]. Avec cette position, Rutshuru a joué un rôle important dans la première guerre mondiale car tous les garnisons venaient de Rutshuru et de Kibati. Ce sont les populations hutu qui ont été engagées dans ce qu’on a appelé l’effort de guerre économique (portage des armes, production des vivres, etc.). A cette période le poste d’Etat et le poste missionnaire de Rugari ont joué un rôle important dans la formation des élites. Les archives sur cette époque montrent que les Bahutu étaient bel et bien les maîtres du coin[9].

 

3.     Amnésie 

               Honoré Ngbanda ignore qu’avant l’avènement  de Daniel  Ndeze, il n’y avait d’autorité centrale sur le territoire qui est devenu secteur du Bwisha et puis chefferie du Bwisha. Il y avait plusieurs  organisations de type clanique qui ont été regroupés en application  de la Circulaire du ministre des colonies Louis Franck de 1921 (« La politique indigène, le service territorial et les chefferies », in Congo, Tome I, 1921)[10]: 
 
Dans son étude intitulée « Aux Sources du Nil » (1909), le chef du secteur de Beni-Rutshuru d’alors, Gustave Vervloet, donnait les indications suivantes qu’il faudrait judicieusement exploiter pour couper court aux aberrations de Mr Honoré Ngbanda et de ses disciples ou fanatiques et, ainsi, les mettre au pas: 
« Zone de la Rutshuru-Beni (Congo Belge). Situation et divisions administratives. La zone de la Rutshuru-Beni, qui est rattachée administrativement au territoire de la Ruzizi-Kivu, a comme limites à l'Ouest la ligne de partage des eaux des lacs et du Nil et celles du Congo; à l'Est le 30ème méridien E. de Greenwich. Au Nord, la zone s'étend un peu au- delà du parallèle passant par le point d'intersection du 30ème méridien avec la Semliki; au Sud, elle est limitée par la ligne réunissant la pointe septentrionale du lac Kivu, au point de rencontre du 30ème méridien  avec le parallèle de 1"20' S. La zone est divisée en deux secteurs celui de Rutshuru et celui de Beni. Ils comprennent, entre eux, le lac Albert-Edouard, et sont séparés par le parallèle passant par Mokokoma, à la rive Ouest, du lac… Toute la région des volcans d'ailleurs est parsemée de nombreuses cavernes, qui ont dû se former au cours d'anciennes éruptions. L'accès en est souvent fort difficile ; il faut, la plupart du temps, ramper à plat ventre sur quarante à  cinquante mètres dans un étroit boyau, avant d'arriver aux  galeries  principales. Par contre, celles-ci atteignent parfois plus d'un kilomètre de longueur et 8 à 10 mètres de largeur sur 5 à 6 mètres de haut. Des galeries latérales y accèdent, soit directement, soit par des rampes ou des éboulements, et font, de ces grottes, de véritables dédales.  Aussi servent-elles fréquemment de repaires aux indigènes de  la plaine, les Bahutu, lesquels, toujours exposés aux incursions  des Batwa, les pygmées des montagnes, s'y réfugient  en masse à la première alerte, emmenant avec eux  femmes et enfants, et même le petit bétail, auquel une galerie  spéciale assez vaste est affectée d'habitude »[11]. 


            

Ce sont ces réalités sociologiques ou ethnographiques et politiques du début du 20ème siècle et celles décrites dans les rapports des premiers explorateurs/voyageurs européens et administrateurs (E.S. Grognan and A. Sharp, O. Baudelet, Albert Spiltoir, Gustave Vervloet, A. J. Moeller, J Schwetz…), des missionnaires (Pères Blacs), les deux derniers groupes ayant vécu avec les populations locales et non les populations imaginaires qui ont servi de repères historiques pour identifier les tribus autochtones. En effet, toutes ces sources premières (narratives et administratives) fournissent des données claires. S’il y avait quelques Pygmées (Twa), Bahunde et Tutsi, aucun Nande n’était signalé à l’époque. Cet espace était contrôlé par des chefs Hutu dont il est abondamment question dans le Rapport d’Albert Spiltoir (1908) et les Diaires de la Mission Tongres Sainte Marie, 1911-1914, aujourd’hui paroisse de Rugari dans le Diocèse de Goma. Il s’agissait, entre autres, de Kahembe, Makombe, Lulenga, Misambiro, Bosuenda, lire Boshuwenda, Ntamohanga, lire Ntamuhanga, Karema, Bineguro, Simpense/Simpenzwe, Sebuliri, Serugari, Sebatwa, Kabango, Biterahoga… Aucun document ultérieur (1914-1950), ne signale la présence  des  Nande dans « l’Espace Rutshuru » ou cette région  coïncée  entre le lac Kivu et le lac Edouard.. Les premières vagues d’immigration nande datent des années 1950. « S’agissant de la première arrivée des Nande dans le territoire de Rutshuru, les initiateurs de cette immigration affirment ceci: 

« Si la zone du territoire de Rutshuru est analogue au Ruanda par sa configuration géographique et sa forte population, la zone ouest avoisinant la rivière ne comptait, en dépit de ses possibilités agricoles, qu’une population parsemée. Aussi une campagne de persuasion fut-elle menée en vue de faire descendre vers cette plaine les habitants des montagnes surpeuplées de l’Est, ainsi qu’une partie du surplus de population de la région de Lubero. La collaboration de Daniel Ndeze, Mwami du Bwisha et esprit ouvert aux innovations fut, en l’occurrence, précieuse. Ce fut à son intervention que bien de problèmes fonciers furent aplanis. Cette initiative se devait d’être appuyée d’une campagne sanitaire afin d’assainir la région jusqu’ici infectée de la malaria. Une vaste opération de désinsectisation fut entreprise, accompagnée de distributions organisées de médicaments antimalariens aux populations… De belles perspectives d’avenir s’ouvrent donc, dans leur nouveau pays, aux modernes pionniers congolais de la Rutshuru. Parmi eux, se trouvent de nombreux jeunes gens que la pénurie de terres dans leur pays d’origine aurait voués à l’oisiveté et qui ont de la sorte pour se créer en milieu rural une situation indépendante»[12]

Leurs immigrations, nombreuses et en différentes vagues, se sont accélérées après l’indépendance du pays (30 juin 1960). Contrairement à  ce que tend à affirmer Honoré Ngbanda, ils ne sont pas les autochtones de cet espace. Et le conflit Nande-Hutu remonte à cette date (Bucyalimwe Mararo Stanislas, « Les rivalités délétères des élites (hutu, tutsi,  nande) dans le territoire  de Rutshuru (Nord-Kivu, République démocratique du  Congo). Une relecture » ; « Le conflit hutu-nande revisité. Quelles sont les leçons à tirer des massacres de Miriki, de Luhanga (Lubero), de Buleusa (Walikale), de Nyanzale et de Kikuku (Bwito/Rutshuru) en 2016»)[13].

            De plus, il y a une autre réalité que les autochtonistes du Nord-Kivu (piège dans lequel Honoré Ngbanda est tombé) feignent ignorer, c’est le fait que, comme le Prof. Sebagenzi wa Lulenga, le rappelait en 1996, en dehors des Nyanga, aucune communauté de la province du Nord-Kivu peut prétendre ne pas avoir des frères au-delà des frontières nationales (« Les ethnies du Zaïre sont-elles toutes de nationalité zaïroise ? Le cas du Nord-Kivu », in La Référence Plus n°846 du 23 septembre 1996, pp. 4-6). Puisque Ngbanda était perché dans la haute sphère de gestion du Zaïre de l’ère Mobutu, ignore-il sincèrement que l’afflux massif des Konzo (Konjo), une composante ugandaise des Nande, lors des guerres qui ont été menées contre Idi Amin Dada et ses successeurs jusqu’à l’avènement de Museveni (1977-1985) ont accru énormément les  effectifs des Nande en RDC, particulièrement dans le Nord-Kivu et la province orientale (surtout les entités de la Tshopo et l’Ituri) ? Pourquoi tant de hargnes et  de suspicions seulement contre les Hutus ? Malhonnêteté intellectuelle et jeu politique malsain ! La réalité des tribus transfrontières est une donnée incontestable pour l’ensemble du pays avec ses neuf voisins.

Honoré Ngbanda a sorti une autre aberration qui relève de sa Hutuphobie. Les partis politiques CEREA et ARP étaient, selon lui,  les partis des Banyarwanda donc des étrangers dans son entendement habituel. C’est archifaux car ils étaient composés de toutes les ethnies du Kivu. Il ignore que les Nande ont déserté le CEREA en 1964 pour créer un parti tribalo-sectaire qu’est l’AWABELO (Association des Wanande de Beni/Lubero). D’autres leaders du Kivu, anciens membres du CEREA et de l’ARP ont rejoint la CONACO de Moïse Tshombe après cette date. Pour expliquer la prépondérance des Hutu à la table ronde politique de Bruxelles (janvier-février 1960), Honoré Ngbanda  a sorti une autre monstruosité : elle s’expliquait, dit-il, par le fait que ce sont les Belges qui choisissaient les délegués à  cette conférence. Même si c’était vrai, pourquoi ce sont uniquement les Hutus qui s’y sont retrouvés alors qu’ils  n’ont jamais été aimés par les Belges,  car  ils les ont toujours qualifiés de « masse corvéable à merci) ? 


Il ne veut pas dire que c’est parce que, à l’époque, les Hutus de Rutshuru étaient les plus éduqués de toutes les ethnies du Kivu. Est-ce sont les  Belges qui avaient nommé le premier ambassadeur du Congo à l’Onu, Mr Gervais  Bahizi (un Hutu de Rutshuru)? Voici, pour référence personnelle, Mr. Honoré Ngbanda, une liste non exhaustive, d’autres notables Hutu des années de l'indépendance :

§  1940: Ordination de deux premiers prêtres noirs du Kivu, Joseph Busimba et Jean Mahano de Rutshuru dans le Territoire des Bahutu. En Mai 1960, Joseph Busimba sera ordonné premier Évêque noir du Kivu et en même temps l’un des cinq premiers eveques du Congo indépendant. Il a été membre du Conseil d’Administration de l’Université Lovanium. Il a été Administrateur de l’Archidiocese de Bukavu en 1965-1966; il a participe au sacre de l’Archevêque Mulindwa à Bukavu et au sacre de l’Évêque Emmanuel Kataliko à Butembo en 1966. 

§  Un autre digne fils de Rutshuru, un Hutu, Gaspard Kajinga est fondateur du Centre NTU en 1967, précurseur du CICIBA, Centre International des Civilisations Bantu, créé en 1983 et ayant son siège a Libreville au Gabon. C’est lui qui a valorisé l’enseignement en langues nationales que les Congolais prennent pour acquis; il a même redigé un dictionnaire en Swahili.

§  En 1957, le Mwami René Ndeze a été désigné comme le President du Conseil d’Administration des Parcs Nationaux du Congo Belge. De cette date jusqu’aux annees 1970, la plupart des responsables du Parc National des Virunga (ex-Albert) étaient des Hutu de Rutshuru. Ce parc, dont le siège est situé à Rumangabo dans le Rutshuru dépuis 1925, année de sa création, jouait un rôle important dans les recettes nationales.  

§  Le premier Congolais Commissaire de District du Nord-Kivu à Goma c’est Pierre Ruyange, Hutu de Rutshuru, en remplacement du dernier belge à ce poste.


            Bref, les Hutu ont contribue énormément a l'émergence du Congo indépendant et a son développement, plus que certaines ethnies qui les attaquent pour camoufler les intérêts qu'ils tirent des régimes actuels d'occupation. Mr Honoré Ngbanda, doit donc cesser de délirer ; il devrait être humble et apprendre car il y a d’autres Congolais qui maîtrisent l’histoire du pays, surtout  de sa partie Est, mieux que lui ; qu’il soit humble et puisse apprendre pour éviter de commettre d’autres insanités. L’Entre-deux-lacs, Kivu et Edouard, est un espace congolais et les autochtones hutu sont des Congolais. Il n’y a pas à négocier ni à s’agiter outre mesure. N’en déplaise aux affabulateurs de son accabit et aux autres charlatans qui ont envahi les medias sociaux au cours  de ces dernières années et qui, au lieu d’informer et d’éduquer au civisme, se livrent aux  injures,  à la propagande et à l’intoxication de l’opinion. En cela, ils desservent le pays qu’ils prétendent aimer et servir.

Honoré Ngbanda veut faire croire que toute la saga tutsie est l’affaire de Bisengimana. N’est-ce pas Mobutu qui l’a propulsé au sommet de l’Etat et qui l’a laissé  agir  et établir son réseau qu’il appelle lui-même « réseau BB » (Crimes organisés », 2004, pp.67-70)? S’il était intellectuellement honnête, il devrait expliquer plutôt aux Congolais et aux autres hommes épris de vérité, de justice et de paix, le rôle du régime Mobutu dans la construction de l’hégémonie tutsie et la destruction du pays étant donné que son régime était bâti sur la corruption, le régionalisme et le tribalisme dans certains secteurs comme l’armée qui ont contribué à fragiliser l’Etat congolais. 

Avant de traiter l’autre d’ “étranger rwandais”, Honoré Ngbanda devrait commencer par mettre en évidence la responsabilité première des politiciens mobutistes dans le processus qui a conduit à l’imbroglio actuel. Son discours est diviseur et ne contribue aucunement à l’unité tant recherchée pour ce pays. Honoré Ngbanda ignore-t-il que, depuis le régime de Mobutu jusqu’à la guerre pompeusement appelée guerre de libération, ce sont les Hutu qui ont été les principales victimes de la politique nocive de la coalition de ce moment? Ils ont été décimés (novembre 1996-juillet 1998) sous le parapluie de cette fameuse guerre de libération.  C’est, en partie, pour cela que beaucoup de Congolais sans foi ni loi prétendent que le régime d’occupation et le génocide en RDC n’ont commencé que le 2 août 1998. Tous les massacres perpétrés durant cette période auraient été « des bavures de guerre » ou n’auraient pas concerné les Congolais. Dommage ! Qu’aujourd’hui, on fasse croire que les Hutu sont les ennemis de la RDC et qu’ils ont le même projet sur ce pays, que l’histoire de tel  ou tel Hutu incarne l’histoire respective de tous les Hutu au Congo, on est très loin du bon sens, de la vérité en un mot.

 

4.     Confiance en des personnes-ressources dont la probité intellectuelle et morale est douteuse 

Que nous le sachions, Honoré Ngbanda  ne base ses déclarations que les informations fournies par quelques activistes  tribalo-ethnicistes du Kivu. Très peu ou pas de membres d’autres ethnies du Kivu. Comment peut-il s’y fier sans les  avoir confrontées aux points de vue des autres ? Comme évalue-t-il le degré de sincérité et de compétence  d’un  chacun,  surtout que même les soit-disant Maï Maï qui prétendent défendre leurs terres sont les supplétifs de l’armée rwandaise (Raia Mutomboki, APLCS, NDC et autres). Peut-il démontrer que les Hutu occupent des postes importants, stratégiques dans le « régime Joseph Kabila-Azarias Ruberwa » et dans les structures du RCD, CNDP et M23 ? Ce sont plutôt les autres ethnies du Kivu qui grouillent. On a eu la dernière preuve avec la composition de deux gouvernements dits de la  « République du Kivu ». Faux ou pas, on a  compris que ce sont les Tutsis et les Bashi qui mènent le jeu au Kivu en traînant derrière eux les Nande, les Lega et les Bembe. Que quelques leaders hutu soient instrumentalisés par Kigali, c’est un fait. Mais, ils  ne sont pas les seuls et les plus en  vue dans cette politique de Kigali. La preuve est celui qui trône à la tête de la RDC depuis janvier 2019. Il serait donc contre indiqué  de faire des Hutu les ennemis du pays et surtout l’obstacle à la réconciliation. 

Pour terminer un conseil gratuit. Honoré Ngbanda devrait sortir de son confinement de plusieurs années (« hiding hole ») pour renouer avec les réalités du pays car, visiblement, il a perdu les pédales. Bien moyennement renseigné sur la question, Ngbanda devrait être au courant que si la tentative de balkanisation n’a pas réussi jusque-là c’est grâce : 

ü  A des élites Hutus congolaises qui s’y sont opposées et s’y opposent encore farouchement au prix du sacrifice suprême ;

ü  Les Hutu n’ont jamais pris des armes pour réclamer la nationalité parce que pour eux ce n’était pas un problème ;

ü  A des dignes vaillant militaires Hutus congolais très discrets mais très efficaces qui ont mis en déroute tout récemment les aventures du CNDP, du M23 et actuellement des ADF et ce malgré des complicités au sein de la hiérarchie militaire ;

ü  A une grande résistance de la communauté Hutu congolaise dans sa grande majorité à l’intimidation et à la frustration de se voir traiter des complices de ses propres bourreaux par certains, justement de la trempe de Ngbanda.

Que tous ceux-là découvrent un jour et reconnaissent que le bouclier de la RDCONGO contre la balkanisation est bel et bien le Hutu congolais !!!

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[3] Carte du bassin du Congo / dressée par le Dr Richard Kiepert ; autographié par Wilhelm Droysen

by Kiepert, Richard (1846-1915). Cartographe (Créateur), Droysen, Wilhelm (18..-18..? ; graveur). Lithographe (Créateur)

[4] L’organisation coutumière hutu fût consacrée par le Gouverneur Général TILKENS à travers l’Ordonnance d’Administration générale du 29 septembre 1933 n° 91/A.I.M.O, motivée par la majorité ethnique au sein des territoires concernés et qui fixa le nombre, les dénominations, les chefs-lieux et les limites des territoires du district du Kivu in Bulletin Administratif, 1933, IIème partie, pp. 592-597. L’article premier, point 2 de l’ordonnance sus-évoquée parle du Territoire des Bahutu avec comme Chef-lieu Rutshuru et fixe ses limites : au Nord : la limite du district et de la colonie ; à l’Est : la limite de la colonie ; au Sud : la rive Nord du Lac Kivu ; à l’Ouest : la limite du territoire des Bahunde-Wanyanga. Voir également les résultats de l’enquête effectuée en 1925 sur les Juridictions et coutumes Bahutu de Rutshuru, renseignés dans la Lettre de l’Administrateur territorial Fontaine au Commissaire de District, datée de Rutshuru, le 8 mai 1925, in Archives de la colonie, A.I.M.O., 1581, farde 25 ; Ordonnance du 1er mai 1933, n° 20 A.I.M.O., modifiant celle du 20 décembre 1932, n° 76 A.I.M.O. sur les opérations de recrutement pour l’extérieur dans la zone économique VII, englobant les territoires des Bahavu, des Bahunde-Wanyanga, des Bahutu et des Banya-Bongo, du district du Kivu, in Bulletin Administratif, 1933, Ière partie, pp. 255-256 ; Ordonnance du 30 juin 1933, n° 25/A.I.M.O., suspendant les opérations de recrutement pour l’extérieur dans la zone économique VII, englobant les territoires des Bahavu, des Bahunde-Wanianga, des Bahutu et des Banya-Bongo du district du Kivu, in Bulletin Administratif, 1933, IIème partie, pp. 406-407.

[5] Décret du 3 juin 1906 sur les chefferies indigènes in BO, n°5, juin 1906, pp. 245 et s.

[6]«This Belgian Post (Government station of Ruchuru), which we were now approaching, stands on the river of the same name, at an elevation of 4,150 feet above the sea level, and about midway between Lakes Kivu and Edward. It is the administrative headquarters of the Kivu district and  is connected by a track over the border with Kabare, in the Kigezi district of Uganda, but at this time the border was closed on account of  rinderpest, and only mails were allowed across. There were ten or a dozen Government officials, including a customs officer, also a branch of the Banque du Congo Belge. We reached the place early in November 1919The Administrateur was Monsieur Vanderghorte», T. A. BARNS, Wonderland of the Eastern Congo, London and New York, G.P. Putnam’s Sons,  1922, p. 98.

[7] R. PHILIPPE, «Comment fut fondé le poste de Rutshuru», Revue congolaise illustrée, vol. XX, n°10, 1948, p. 47.

[8]«This Belgian Post (Government station of Ruchuru), which we were now approaching, stands on the river of the same name, at an elevation of 4,150 feet above the sea level, and about midway between Lakes Kivu and Edward. It is the administrative headquarters of the Kivu district and  is connected by a track over the border with Kabare, in the Kigezi district of Uganda, but at this time the border was closed on account of  rinderpest, and only mails were allowed across. There were ten or a dozen Government officials, including a customs officer, also a branch of the Banque du Congo Belge. We reached the place early in November 1919The Administrateur was Monsieur Vanderghorte», T. A. BARNS, Wonderland of the Eastern Congo, London and New York, G.P. Putnam’s Sons,  1922, p. 98.

[9] Voir S. BUCYALIMWE MARARO, “Rutshuru et Goma: deux cités au cœur des enjeux nationaux et régionaux séculaires (1902-2015)”, in RD Congo. L'Entre-deux-lacsKivu et Edouard. Histoire, Economie et Culture (1885-2017). En hommage au Prof. Dr Léonard Mashako Mamba, Bruxelles, Editions Scribe, 2018, pp. 697-755.

[10] Cette politique a été appliquée partout dans la province oriëntale: “« Dans la Province Orientale, des secteurs ont été créés comme des organismes supérieurs aux chefferies reconnues. Des chefferies ont été groupées pour former des secteurs. Les chefs placés à la tête de ces secteurs ne puisent pas leur autorité dans la coutume. Ce sont des chefs  artificiels, des satellites noirs », J De Hemptine, «Précisions sur le problème de la politique indigène », in Congo, juillet 1929, Tome II,  n°2, pp. 185, 197.

[11] VERVLOET, G., « Aux Sources du Nil, pp. 256, 267 » (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1077055/texteBrut). On peut relever qu’à l’époque on confondait le lac Albert et le lac Edouard car  il parle du lac Albert-Edouard.

[12] «La Rutshuru, vaste zone de peuplement», L’Echo du Nord, n° 17, Goma, le 25 juillet 1959, p. 5.

[13] Pour ces études, voir RD Congo. L’entre-deux-lacs, Kivu et Edouard. Histoire, Economie et Culture (1885-2017). En hommage au Prof. Dr Léonard Mashako Mamba, Bruxelles, Editions Scribe, 2018, pp. pp. 697 -696; 756-806.

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